Up and down*...

Publié le par Claire

*Des hauts et des bas...

Oui, je sais ! Ça fait un bail que je n’ai pas donné de nouvelles... Figurez-vous que j’ai été finalement pas mal occupée et que d’une certaine manière, courir après une connection Internet relève par ici du sport de combat. Pour tout vous dire, il fallait aussi que je me remette un peu de mes émotions...

Vous savez sans doute par Gillou, que j’ai quitté Bushman’s Hide au début du mois de décembre. Ainsi, j’ai abandonné les fonctions «d’assistant manager-intendante-cuisinière-barmaid-hôtesse d’accueil improvisatrice de fameux numéros de claquettes-factotum-chauffeuse/livreuse-responsable événementiel & RH-assistante sociale-conseillère matrimoniale-médiatrice équilibriste-casque bleu suisse» que j’ai occupées pendant 2 mois et qui m’ont gentiment conduites vers un sérieux ras-le-bol, un gros coup de fatigue, voire un bon «nervous breakdown».

 

BH-PIX

 

La personnalité fantasque de Minunette (et du reste de la famille...), le manque de coopération (voire une certaine forme d’animosité...) de Pieter & Magda, les vilaines querelles au sein du personnel, associés à une organisation logistique plutôt précaire (pour ne pas dire carrément défaillante...) ont fini par avoir raison de mon énergie, de ma patience et de ma bonne humeur. Il faut ajouter à tout ça un racisme ambiant carrément pesant (pour vous donner une idée, certains vous expliquent ici que ce qui différencie les Noirs des animaux, c’est que les premiers savent faire du feu, tandis que d’autres affirment que la seule issue consiste à tuer tous les Blancs...), une sensation d’isolement de plus en plus prégnante (le paiement de la facture Internet ne faisant pas partie des priorités de Magda...), des conditions de vie de plus en plus précaires (pour tout vous dire, je suis passée de la «case poulet» à la case «plus grand chose à bouffer»...), sans oublier la cohabitation avec des bestioles pas vraiment sympathiques (Black Mambas, Mozambic Spitting Cobras...) qui s’acharnent à vous rappeler la fragilité de votre situation (surtout quand vous savez qu’on ne répond pas toujours à vos appels radio...).

mamba

Bref ! Autant de «petits désagréments» qui au fil des jours, avec une efficacité redoutable, finissent par user. Si j’avais au début de mon séjour l’énergie suffisante pour prendre les choses avec le recul et l’humour nécessaires, j’ai peu à peu perdu toute distance.  L’enthousiasme a cédé la place au découragement (voire à l’abattement parfois...) et j’ai fini par admettre que je n’avais pas de super pouvoirs pour changer le monde ni même «faire tourner la boutique» dans ces conditions. Il était donc préférable de lâcher l’affaire avant d’être totalement épuisée et/ou démolie... (tu as raison, Madame B : y'a aucune gloire à se faire du mal !).

Cependant, si elle a été éprouvante, cette première expérience n’en a pas moins été instructive et enrichissante. J’en ai appris pas mal sur la nature du boulot (en tout cas, sur ce qu’il convient d’éviter en terme de management et d’organisation logistique...) et j’ai eu la confirmation que ce n’était pas hors d’atteinte. J’ai surtout fait de belles rencontres parmi le personnel du lodge et tissé des liens avec des gens super attachants, qui m’ont parfois témoigné une confiance inouïe. Ça a rendu mon départ assez douloureux : je me suis méchamment sentie coupable de les abandonner à leur sort...

D’un point de vue logistique, quitter le lodge n’a pas été simple non plus ! Dans une région où les transports publics sont à peu près du même niveau que les télécommunications, l’organisation de mon «exfiltration» n’a pas été des plus aisées (il m’a fallu par exemple me taper 120 km juste pour passer des coups de fil à Vaalwater et assurer mes arrières...). Minunette (avec qui je suis restée en bons termes) est finalement venue me récupérer. Elle m’a déposée à l’aéroport de Johannesburg (je peux vous dire que ça m’a fait très bizarre de me retrouver d’un coup avec autant de monde...) où Alida (une co-locataire occasionnelle du cottage) est venue me récupérer (après avoir mis son septuagénaire de chéri dans un avion pour le Ghana où il doit bosser pendant 6 mois). Alida m’a dorlotée pendant 3 jours dans sa maison de Prétoria (avec des grilles de sécurité, des alarmes partout et du coup un brin de paranoïa qui finit par devenir contagieuse...), avant de me conduire à la gare routière pour prendre un bus pour Volksrust (changement à Johannesburg, travaux sur la route et climatisation en panne : que des grands moments !). Iona (que nous connaissons depuis une quinzaine d’années) m’y attendait pour me ramener dans son village de Wakkerstroom, à une trentaine de kilomètres de là et où je réside depuis lors. J’y ai d’ailleurs plusieurs adresses car je navigue entre différents cottages : celui d’Iona ou celui de la famille Duncan (des voisins écossais) quand sa copine Pam (81 ans) est de passage (elle a quitté le village il y a 2 ans pour aller vivre avec ses enfants, mais elle le regrette beaucoup et redébarque chaque fois qu’elle le peut...).

 

WakkerstroomLes premiers jours de mon séjour à Wakkerstroom ont été assez curieux : j’ai passé pas mal de temps à roupiller tout en essayant de m’habituer au fait que je venais carrément de changer de planète : j’étais passée du «côté British de la Force» ! Ici, on peut parle plus Afrikaans, Sotho ou Tswana, mais la fameuse langue de Shakespear et le Zulu (les minces progrès que j’avais fait en Tswana ne me sont d’aucune utilité : je me contente d’un «Sawubona» pour les salutations...). Ici, il n’est plus question de bétail mais de Labradors et de Scottish Terriers. Ici, on ne parle pas «chasse & gibier» : je suis entourée de «bird lovers», c’est à dire d’ornithos amateurs. Ici, les buissons d’épineux ont disparu, remplacés par des rosiers et du gazon tout vert. Ici, on ne boit pas de bière mais du thé ou du vin, on ne mange pas de «biltong» (viande séchée) mais des «shortbreads» (sablés au beurre), on n’a pas de trophées ou de peaux de bêtes mais des imprimés à fleur. Ici, on est un petit peu moins «bourrin» : on ne dit pas que les Noirs sont geignards, paresseux, et sans cervelle, on dit qu’il sont... «différents» (on prend par exemple la peine d’installer des toilettes chimiques au bout du terrain pour les jardiniers, on pense à leur fournir un «lieu d’aisance», mais quand même pas dans la maison...). Ici, je ne suis plus «nkgono», ce qui signifie à peu de chose près «grand-mère» (inutile de vous dire que j’étais pas vraiment ravie quand je l’ai appris, mais on m’a assurée que c’était à cause de la couleur de mes cheveux...), mais (et de loin !) la benjamine de la bande ! Ici, je suis entourée, chouchoutée par tout un tas de grand-mères (aux cheveux plus ou moins violets...) et constamment invitée à des «drinks», des «parties», des «dinners» par les nombreux copains d’Iona (pour tout vous dire, il y a des fois où je ne sais plus quoi inventer pour arriver à passer une soirée pénarde ou aller me balader toute seule...). Ici, quand je prends mon téléphone, je suis à peu près sûre de pouvoir parler à mon chéri, même si je ne suis pas encore suffisamment «imprégnée» pour prendre le côté aléatoire de la connection Internet avec flegme (ben, ça reste l’Afrique quand même, et elle est pas toujours bonne hôtesse >Taroh : spéciale dédicace ;-).

Bref ! Après une période de ré-adaptation au «monde civilisé», j’ai fini par me faire à la petite vie tranquille de Wakkerstroom et de ses habitants et je me suis tout doucement remise à réfléchir à mes «Projets Africains». Convaincue qu’il ne fallait pas «jeter le bébé avec l’eau du bain», je suis arrivée à la conclusion que rejoindre une structure un peu plus organisée et professionnelle devait être la prochaine étape de ma «reconversion». Mais alors que je m’apprêtais à confirmer mon inscription au stage de management prévu pour avril prochain, je me suis pris dans la face une méchante déconvenue : pour d’obscures raisons de visas et de permis de travail, le stage a été annulé et pour l’instant, il n’y a pas de solutions alternatives... Bien qu’appréciant assez peu les intonations gutturales, c’est pourtant un mot Afrikaans qui n’est venu aux lèvres quand j’ai eu l’info : «FOK !» (je ne vous donne pas de détail sur la traduction, je pense que vous voyez à peu près l’esprit...).

Depuis lors, j’essaie d’éviter autant que possible de penser à tout ça et de «ruminer en boucle». Je cuisine pour les copines (par exemple, confit de canard et pommes de terre rissolées dans la graisse : si, si...), je bois des canons avec Renée (qui boit peu... à la maison !), je tiens compagnie à Pam (qui est très philosophe, surtout après un bon whisky...), je regarde la pluie tomber (ici, c’est vraiment le monde à l’envers : les gens ont la banane quand il pleut et sont déprimés quand le soleil brille!), j’observe des oiseaux de toutes les couleurs.

sapinJ’attends surtout mon cadeau de Noël avec impatience : vous n’êtes peut-être pas tous au courant mais mon chéri a réussi à modifier son vol et arrivera à Wakkerstroom le 25 décembre ! (ici, tout le monde le sais et le Lilas Cottage où nous devons séjourner quelques jours, a officieusement été rebaptisé le «Honeymoon Cottage»...).Après ça, nous remonterons tranquillement vers le Botswana (mon visa arrivant à expiration, je dois quitter l’Afrique du Sud avant le 5 janvier...), avant de nous enfoncer dans le bush. On aura alors tout le loisir de réfléchir à nos projets et de «make a plan» comme on dit ici...

Voilà ! Maintenant vous savez à peu près tout de mes aventures et de «my life». Je vous espère tous en bonne forme, je vous envoie plein de gros bizoux et je vous souhaite de passer de bonnes fêtes de fin d’année. 

 

PS : Comme Gillou ne sera plus là pour vous informer des éventuelles mises à jour du blog, pensez à y jeter un petit coup d’œil de temps en temps : on ne sait jamais, on arrivera peut-être à poster quelques news...

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P
Comme je ne sais pas si je suis en avance ou en retard ..... Je vous souhaite une EXCELLENTE année 2012 les zamoureux zafricains !<br /> Bises<br /> Pascale
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C
TRES BONNES FETES A VOUS DEUX.
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F
Hé hé hé on a déposé le Gillou à l'avion et qd j'écris ces lignes les retrouvailles (du calme Gillou du calme!) doivent être faites ! Je compte sur lui pour te rebooster et te protéger des blacks<br /> mambas ! Profitez bien les amis et gros bizous !
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T
Coucou ma Claire,<br /> <br /> Je croyais que l'Afrique était bonne hotesse. Je vois qu'il n'en est rien. Je t'envoie tout de suite un ami pour te récupérer, il se fait fait appeler "Gillou" (méfie toi de lui quand même.)<br /> Bisous ma biche<br /> Taroh
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